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bienvenue sur mon blog qui vous permet de garder le contact avec moi quand je suis en stage aux 4 coins du monde, ou simplement de découvrir un pays si vous ne me conaissez pas.

j'ai changé de d'hébergeur pour mon blog, celui ci offre plus de possibilités et est plus fiable. vous pouvez retrouver les articles de l'ancien blog, je les ai transférés ici, tout est classé par rubriques ou "catégories" (dans la case en dessous), il suffit de cliquer dessus pour avoir la série d'article que j'ai écris. les plus récents sont affichés au centre em premiere page.

bonne visite!
William le 19/07/2008

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3 août 2008 7 03 /08 /août /2008 23:30

en ce moment, la récolte de café est terminé et les producteurs le lavent et le sèchent avant de le descendre aux entrepots dans les villages. il est amené sous forme de café "parche" c'est à dire non décortiqué, en sacs de 120 livres soit un peu moins de 60 kg. en brouette sur des chemins ou on peine déja largement à pied!

bref, c'est à ce moment que se déroulent les "inspections externes" c'est à dire des organismes certificateurs: le café de Cecovasa est certifié bio selon les normes de l'UE et des USA, certifié commerce équitable par FLO (organisation regroupant tous les labels "commerce équitable") et C.A.F.E. practices par Starbucks.
pendant l'année, les 4800 producteurs ont aussi droit à l'inspection interne des techniciens de Cecovasa, pour vérifier que tout est en ordre (car ils risquent le retrait de la certification en cas de problème).

et nous voila donc partis à crapahuter dans la montagne, sous la pluie. ça doit couter cher aux paysans qu'on visite, puisqu'à chaque fois ils se sentent obligés de nous offrir à manger ou à boire. j'ai quand même faim, même après tous les moucherons aspirés par les narines sur le chemin (j'étais tout essouflé). j'ai pu gouter différents trucs, notamment la sauce opoca (aux cacahuètes, absolument délicieuse), les bananes plantains cuites (plutot fades, vu qu'elles sont cueillis vertes), les "patates japonaises" qui sont en fait des tubercules d'arum locaux (mais du même genre que les arum qu'on a en France, je savais pas que ça se mangeait d'ailleurs. en même temps, ça ne révolutionnera pas la cuisine parce que ça a pas beaucoup de goût et l'aspect d'une boule de farine bouillie) et un morceau de fromage amené par la route depuis Juliaca et qui, bien que pas exceptionnel, avait un arrière gout de miracle dans cette vallée perdue.

à propos de bouffe, je me suis rendu compte l'autre jour que j'étais en manque de sel: j'ai senti le besoin d'en mettre une tonne sur chacune des frites que j'availais. en même temps c'est pas facile: de la même manière qu'ils se sont pas rendu compte que la bière fraiche est meilleure, ils ont pas compris que le sel SEC permettait de le saupoudrer plus facilement et en quantités plus raisonnables. enfin c'est pas moi qui vais m'en plaindre, je sais pas pour quelle raison physiologique j'en ressentais le besoin, mais j'arrive pas à me passer de sel dans mes plats plus de 3 semaines.

Bref, une fois que le cultivateur a rassasié tout le monde, il a droit en retour à tout un tas de question, "va me chercher ton cahier de producteur s'il te plait", "combien d'hectares de café as tu?", "on peut aller voir ton bac de lavage du café?"...
les normes imposent de bonnes choses comme d'avoir une trousse de premier secours chez soi, mais aussi des trucs pas adaptés comme avoir une "douche": en réalité c'est un point d'eau dallé en plein air... et puis, des trucs franchement ridicules comme des petites pancartes (toutes les mêmes, en blanc avec écrit en bleu "douche", "entrepot de café"... en bois évidemment, pour que les thermites les manges...) sur tous les lieux de la ferme. comme si on imposait aux ménages français d'avoir des écriteaux avec écrit "toilettes", "cuisine", "salle de bain"... je vois pas ce que ça va changer à leur conditions de vie.

pour ce qui est des champs, c'est globalement partout pareil: ils ne prennent pas beaucoup soin de leurs parcelles de café. à ce demander ce qu'ils font toute l'année! les pieds sont trop rarement taillés et sont trop haut pour que les cerises soient toutes récoltées, en plus la plante utilise des ressources pour faire du bois qui ne rapporte rien au producteur. les champs ne sont pas assez couverts d'arbres d'ombrage, ce qui fragilise les caféiers: moins de feuilles, plus souvent attaquées par "l'ojo de gallo", un champignon appelé rouille du café en France.
moi le petit gringo qui n'avait encore jamais vu un caféier il y a un mois, j'ai tout de suite remarqué que ceux à l'ombre sont en bien meilleure santé!

le manque d'arbres pose aussi un problème de fertilité, puisque ceux ci puisent dans les couches profondes du sol des éléments nutritifs qu'ils redéposent en surface (donc, pour les caféiers) via leurs feuilles mortes. ces mêmes feuilles mortes, en couches épaisses, empêchent les mauvaises herbes de se développer (donc, moins de travail de desherbage) et limitent l'érosion du sol (les pentes atteignent parfois plus de 45°).
Sans compter que les arbres peuvent donner des fruits (avocatiers, cocotiers) ou du bois d'oeuvre pour la construction et de chauffage, ce qui évite d'avoir à attaquer un bout de "monte" ou forêt primaire (c'est à dire encore à peu près intacte).
il y a aussi le problème de la fertilisation, les producteurs n'amendent pas (ne fertilisent pas) chaque année. bref, à mon sens, pas mal de fautes de gestion, qui font que les parcelles de café sont épuisées au bout de 20 ans et qu'il faut à nouveau défricher d'autres endroits: du coup, je trouve que l'appelation "biologique" ou "durable" est un peu usurpée!

Mais bon, je ne vais pas changer les pratiques agricoles de 5000 producteurs en un mois. et puis, ça n'est que mon avis: l'écologie est un luxe de riche! qui sait, peut être ont ils leur propre rationalité à gérer leur parcelle comme ça? c'est une des choses fondamentales que j'ai apprise à l'Istom: on parle à des gens qui vivent là à l'année et qui ont leur propre intérêt. chose qu'avec toutes nos conaissances d'agrome, notre savoir, on ne doit pas perdre de vue.
peut être y a t-il un facteur pour expliquer cette mauvaise gestion? le manque d'intérêt pour une culture d'exportation, qu'ils ne mangeront pas? l'exigence en travail de la culture? un revenu suffisant même avec des rendements faibles? la difficulté pour obtenir des semences d'arbres pour l'ombrage? le manque de formation agricole? (en effet, tous les habitants de la vallée sont descendus de la "sierra, l'altiplano", bref du plateau andin à 3800m ou ne pousse que de 'herbe rase)

bon, je vais arrêter cet article là, il est déja très long et technique donc j'ai peur de perdre mes lecteurs. Surtout que tous n'ont pas le français pour langue maternelle!
désolé pour le jargon agronomique et toutes ces questions agricoles, mais ces problèmes me passionent. j'espère qu'au moins ils vous intéressent!

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commentaires

T
Non, non, will... moi ça m'intéresse ! Et puis au moins, on a l'impression que tu n'es pas parti au Pérou que pour jouer au foot et au volley !!! Biz. Dad.
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